Nouveaux récits du climat

Le rayon vert

Réchauffement climatique, disparition des espèces animales, épuisement des ressources naturelles… Le changement, c'est maintenant… L'apocalypse, aussi. Les scénarios qui se profilent sont dignes des meilleurs romans de science-fiction. Nous vivons une dystopie au quotidien, guettant l'indice de qualité de l'air, la montée des eaux, la fin du pétrole…

Les mauvais augures du mouvement écologiste des années 70s sont désormais une réalité en marche. Et la montée en puissance du green business, avatar opportuniste de la loi du marché, n'inverse pas la tendance. Pire, certains aspects de la gestion du recyclage, par exemple, sont loin d'être "équitables" et reconduisent les inégalités sociales; révèlant un "racisme environnemental" pour reprendre la formule de Razmig Keucheyan.

Difficile d'être optimiste au vu des catastrophes qui s'annoncent. Rien ne semble freiner cette "grande accélération". Dans l'absolu, cette fin des temps de l'énergie fossile sera plus radicale qu'un holocauste nucléaire. Et pourtant, l'atome n'était pas mal dans le genre, générant paradoxalement des victimes qui n'étaient pas encore nées au moment de l'explosion des bombes ou des centrales… De fait, on comprend mieux le sens du mot "écocide"…

À ce barbarisme désignant le "suicide écologique" de l'humanité actuellement en cours fait écho le néologisme "anthropocène" qui désigne l'impact de l'activité humaine rapportée à l'échelle géologique. Une notion partagée par Ewen Chardronnet, rédacteur invité de notre dossier thématique, qui nous propose de "nouveaux récits du climat". De nouvelles hypothèses, un regard différent où se mêlent des interrogations sur des "prototypes de science ouverte", sur la "tangibilité des désastres", sur des pratiques artistiques engagées et autres perspectives décentrées pour pallier la "sixième extinction".

Des pistes — on n’ose pas dire des solutions, tant les pesanteurs politiques, techniques et psychologiques restent malheureusement sur-plombantes — où l'on espère que la science, et l'art comme facteur de prise de conscience, pourront contrer L'Empire qui mène "le troupeau aveugle" de l'humanité à sa perte. Pour mémoire, 43 ans avant la Cop21, le Club de Rome pointait déjà les limites de la croissance, la dégradation d'environnement lié à l'industrialisation et la surconsommation. Néanmoins, il reste une lueur d'espoir, verte évidemment, sur cet "horizon négatif".

Laurent Diouf - Rédacteur en chef
éditorial de MCD #79 "Nouveaux récits du climat", septembre / novembre 2015

 

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