Bill Drummond

Étonnante trajectoire que celle de Bill Drummond. Interviews croisés, récits éclatés… On ne peut que remercier les OfflinePeople (aka Julien Demeuzois & Achylles Brown) d'avoir braqué leurs projecteurs sur ce singulier personnage qui fut, avec Jimmy Cauty (par ailleurs à l'origine de The Orb aux côtés d'Alex Paterson), à l'initiative de KLF. Une aventure musicale sans équivalent, après un galop d'essai sous le nom de The Justified Ancients of Mu Mu. Déjà, pour cet exercice de sampling appliqué au breakbeat, ils trahissent un goût prononcé pour la provocation et la dénonciation de l'industrie musicale.

La suite logique s'incarne avec KLF (Kopyright Liberation Front) et deux albums de référence. Le premier, Chill Out, est fondateur de l'ambient-electronic alors naissant. Nous sommes en 1990, et KLF nous offre un festival d'ambiances, de sons (train, avion, etc.), de bruits de la nature et d'animaux. Chef-d'œuvre du genre. Le deuxième, The White Room, B.O. d'un film avorté, est résolument trance et contient deux "antiennes" : "What time is love" et "Last train to Trancentral". Succès colossal. Mais Bill Drummond s'échine à saboter la machine. Méthodiquement. Et avec une bonne dose de… folie nécessaire.

De leur prestation à l'arrache, version noise avec rafale de mitraillette, qui sidère l'assemblée des Brit Awards à l'incinération d'un million de livres sterling de droits d'auteur; d'une expédition improbable au pôle Nord à un ultime concert grimé en vieillard; de performances surréalistes à l'édition de pamphlets; de peintures acryliques à des séances photos : au-delà du dynamitage de l'industrie musicale, et au travers de toutes ces "répliques" engagées par Bill Drummond, c'est bien la sphère de l'art contemporain qui est dans la ligne de mire de ce "provo" qui a fait de sa vie une machine de guerre artistique contre le conformisme.

Laurent Diouf
publié dans MCD #79, sept. / nov. 2015

Score 378, 7 jours avec Bill Drummond (Camion Blanc, 2015)

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